Le conditionnel


Généralités


Normalement, le conditionnel est une forme du verbe représentant une action qui se déroule dans l'imaginaire. On l'utilise aussi dans certains cas quand il n'y a pas d'autres possibilités, notamment pour la politesse ou pour exprimer un futur dans le passé !
Cette diversité d'emplois en fait une sorte d'ersatz* pour le verbe. Même les grammariens se battent entre eux pour classer le conditionnel parmi les "temps du verbe" ou les "modes du verbe".




*produit de remplacement de qualité inférieure (source : www.le-dictionnaire.com)


Le conditionnel, le mode de l'imaginaire


Si l'on parle du présent present, du passé composé present participe, de l'imparfait imparfait ou encore du futur futur, on parle de "TEMPS".

Si l'on parle d'indicatif, de subjonctif, d'impératif ou encore de conditionnel, on parle de "MODES".

Tous ces modes et temps sont regroupés dans un tableau que l'on appelle TABLEAU des CONJUGAISONS. Dans ce tableau, les modes sont indiqués à gauche. Chaque mode regroupe plusieurs temps représentés par des caméras.

Le plus important des modes est l'INDICATIF qui regroupe entre autres le présent, le futur, le passé composé, etc...

Indicatif

L'INDICATIF est le mode du 100% réel fleche francego Ce que je dis je le fais, je l'ai fait ou je le ferai.

- Je parle français.
- J'ai acheté une table.
- Demain, je vais au cinéma.

Tous ces exemples, présentent des situations réellement effectuées ou qui vont se réaliser à coup sûr.

Avec un petit slogan publicitaire, vous vous en souviendrez : L'indicatif est 100% RÉEL.

Malgré les chamailleries des grammariens, nous utiliserons le CONDITIONNEL tel un mode dans lequel il n'y a que deux temps : le conditionnel présent et le conditionnel passé. Pour simplifier, le "conditionnel présent" sera appelé "conditionnel".

Conditionnel

Le conditionnel est le 0% RÉEL (un mode allégé ? :o )

- Si j'avais de l'argent, j'achèterais une voiture.

La réalité est qu'on n'a pas d'argent. On ne peut pas acheter la voiture. Ainsi, "j'achèterais une voiture" est imaginaire.




On retient :

fleche francego L'indicatif est 100% réel.
fleche francego Le conditionnel est 0% réel. Il est imaginaire.




Une bulle de pensée pour image


On enchaîne avec ce mot "imaginaire".
Vous avez normalement tous lu une bande dessinée au moins une fois dans votre vie. Dans le cas contraire, allez vite vous procurer un album des Schtroumpfs ou d'Astérix... Que voit-on lorsqu'un personnage pense à quelque chose qu'il ne veut pas dire ? Sa pensée est mise dans une bulle "nuage" et des petits ronds remplacent la flèche.

Bulles de pensées

Pour représenter le CONDITIONNEL, le mode de l'imaginaire, on utilise le même système avec une caméra dans une bulle de pensée.




La construction du conditionnel


Pour se souvenir de la construction du conditionnel, on va apprendre une phrase clef :

- Si j'avais de l'argent j'achèterais une voiture.

Pourquoi cette phrase ? Parce qu'elle contient une condition à l'imparfait imparfait : "Si j'avais de l'argent" et un résultat au conditionnel conditionnel : "j'achèterais une voiture". De plus, cette phrase met en évidence les terminaisons des verbes qui sont identiques entre l'imparfait imparfait et le conditionnel conditionnel.

On ne reviendra pas sur la totalité de l'imparfait que vous pouvez trouver en cliquant ici, mais on retiendra une chose : les terminaisons.

je ........ ais
tu ........ ais
il ......... ait
nous .... ions
vous .... iez
ils ........ aient

Si vous avez vu le futur futur (ici), vous avez observé une construction du genre :


Racine + Terminaisons

Les verbes au conditionnel conditionnel utilisent strictement les mêmes racines que celles du futur futur.

Les terminaisons du conditionnel sont celles de l'imparfait imparfait.

Ainsi, pour les verbes du premier et deuxième groupe, on utilise l'infinitif , auquel on ajoute les terminaisons de l'imparfait imparfait, comme ceci :

MANGER

jemangerais
tumangerais
il - elle - onmangerait
nousmangerions
vousmangeriez
ils ellesmangeraient


REGARDER

jeregarderais
turegarderais
il - elle - onregarderait
nousregarderions
vousregarderiez
ils ellesregarderaient


FINIR

jefinirais
tufinirais
il - elle - onfinirait
nousfinirions
vousfiniriez
ils ellesfiniraient


Pour le troisième groupe, on utilise toujours les terminaisons de l'imparfait (ais, ais, ait, ions, iez, aient). De plus, ce sont toujours les mêmes racines que pour le futur futur. Alors, la racine est parfois proche de l'infinitif :
CROIRE fleche francego je croirais
PRENDRE fleche francego je prendrais

parfois lointaine :
ALLER fleche francego j'irais
ÊTRE fleche francego je serais

On ne le dira jamais assez, c'est en lisant qu'on peut retenir les conjugaisons. Alors... Lisez !


On retient :

fleche francego Racine + Terminaisons
fleche francego Racines des verbes identiques à celles du futur futur.
fleche francego Terminaisons de l'imparfait imparfait (ais, ais, ait, ions, iez, aient).



La question piège :

Les terminaisons sont-elles vraiment toujours les mêmes entre l'imparfait et le conditionnel ?




Oui !
Cela pour tous les verbes et il n'y a aucune exception ! Mais pour s'en convaincre, on peut se faire la conjugaison suivante :

- Si j'avais de l'argent j'achèterais une voiture.
- Si tu avais de l'argent tu achèterais une voiture.
- S'il avait de l'argent il achèterait une voiture.
- Si nous avions de l'argent nous achèterions une voiture.
- Si vous aviez de l'argent vous achèteriez une voiture.
- S'ils avaient de l'argent ils achèteraient une voiture.


Les emplois


1- La condition


Dans la plupart des cas, le conditionnel est utilisé pour symboliser le résultat d'une condition. On abordera la condition dans un autre cours, mais l'une de ses constructions est :

condition à l'imparfait imparfait + résultat au conditionnel conditionnel.


Exemples :


- Si j'avais le courage j'apprendrais le russe.
- Si elle était charmante je l'inviterais à danser !


On se rend bien compte qu'"apprendre le russe" ou "inviter la demoiselle à danser" est imaginaire. Je ne le fais pas réellement parce que quelque chose m'en empêche. La réalité, c'est que je n'ai pas le courage d'apprendre le russe et la demoiselle dont il est question dans la deuxième phrase ressemble sûrement à un "thon", donc...



2- La potentialité = condition


Les livres de grammaire acceptent comme l'un des emplois possibles du CONDITIONNEL la "potentialité".


- J'ai besoin d'un truc qui pourrait faire comme ça...
- On cherche une personne qui saurait faire ça...


La potentialité correspond à "ce qui est éventuellement possible"
Dans la première phrase, il s'agit d'un objet qui "peut éventuellement faire comme ça". Je ne dispose pas de cet objet, mais s'il existait, "il ferait comme ça". Comme pour la condition, cet objet est pour le moment imaginaire.
Dans la deuxième phrase, c'est une personne qui "sait éventuellement faire comme ça". Cette personne n'est pas encore présente et elle n'existe peut être pas. Elle est pour le moment imaginaire. En tous cas, si elle existait, "elle ferait comme ça".

En fait, on peut très facilement ajouter à chacune de ces phrases une condition telle que "si c'était possible" pour retomber sur le premier emploi : condition à l'imparfait imparfait + résultat au conditionnel conditionnel.


- J'ai besoin d'un truc qui pourrait faire comme ça, si c'était possible.
- On cherche une personne qui saurait faire ça, si c'était possible.



3- La politesse


Dans certaines langues (asiatiques notamment), on utilise des verbes spécifiques pour exprimer la politesse dans le langage, mais en français, ces verbes n'existent pas. Prenons un exemple :


- Auriez-vous un CD de Michel Jonasz ? (pardonnez cette référence un peu dépassée)

Comme les Français ne disposent pas de verbes spéciaux, ils utilisent le CONDITIONNEL. Ce mode atténue la réalité d'une phrase et fait penser que ce qu'on demande est imaginaire ou iréel. D'une manière générale, il pousse la réalité vers l'imaginaire. Ainsi, quand on l'utilise dans une demande, il allège le côté "100% réel" et directif de cette demande. C'est bien là l'une des utilisations bricolées du conditionnel : faire passer pour imaginaire un fait réel !
D'ailleurs, on aurait très bien pu utiliser un présent de l'INDICATIF comme ceci :


- Avez-vous un CD de Michel Jonasz ?

Formule qui est polie, réelle et qui fonctionne bien.





4- Les réserves = politesse


Dans l'exemple qui suit, on a encore un emploi du CONDITIONNEL pour exprimer un fait réel :


- Un accident se serait produit.

On peut évoquer cet exemple comme une forme de politesse vis-à-vis de choses que l'on n'a pas constatées soi-même. On émet donc des réserves. On remarque aussi que l'accident fait partie du passé. Cette forme de prudence pour raconter un événement passé n'est que peu utilisée dans le langage courant, elle est surtout l'apanage des médias.

Toutefois, dans la vie de tous les jours, on retrouve cette forme pour évoquer un fait qui a des chances de se produire dans le futur. On n'a toutefois aucune certitude quant à la réalité de l'événement. On émet encore des réserves :


- Demain, il devrait pleuvoir.
- Il se pourrait que je vienne.


On peut dire qu'on utilise inconsciemment le conditionnel pour repousser dans l'imaginaire des paroles discutables par l'interlocuteur.


5- Futur dans le passé


En français, on dispose de nombreuses constructions pour exprimer le présent, le futur, le passé, un passé dans un passé, un passé dans le futur, etc... Mais justement, pour exprimer un futur dans le passé, on ne peut pas utiliser le futur qui se situe toujours après maintenant. Donc, on va choisir un temps de remplacement, un ersatz : le conditionnel conditionnel.





Examinons cette phrase :


- Je t'avais dit que je serais en retard.





Analysons cette suite d'événements :
fleche francego et sont dans le passé de
fleche francego est dans le futur de
fleche francego est dans le futur de qui fait partie du passé de !
Le futur futur "je serai en retard" que l'on a dit avant devient un conditionnel conditionnel "je serais en retard".



Examinons ensuite cette phrase :


- J'ai réfléchi à ce que nous ferions demain.





La suite des événements nous donne ceci :
fleche francego est dans le passé de
fleche francego est dans le futur de et de
fleche francego est dans le futur de qui fait partie du passé de
Le futur futur "nous ferons demain" que l'on a dit avant devient un conditionnel conditionnel "nous ferions demain".



On retient pour les emplois du CONDITIONNEL :

fleche francego La condition
fleche francego La politesse
fleche francego Un futur dans le passé

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