Normalement, le conditionnel est une forme du verbe représentant une action qui se déroule dans l'imaginaire. On l'utilise aussi dans certains cas quand il n'y a pas d'autres possibilités, notamment pour la politesse ou pour exprimer un futur dans le passé !
Cette diversité d'emplois en fait une sorte d'ersatz* pour le verbe. Même les grammariens se battent entre eux pour classer le conditionnel parmi les "temps du verbe" ou les "modes du verbe".
Si l'on parle du présent , du passé composé
, de l'imparfait
ou encore du futur
, on parle de "TEMPS".
Si l'on parle d'indicatif, de subjonctif, d'impératif ou encore de conditionnel, on parle de "MODES".
Tous ces modes et temps sont regroupés dans un tableau que l'on appelle TABLEAU des CONJUGAISONS. Dans ce tableau, les modes sont indiqués à gauche. Chaque mode regroupe plusieurs temps représentés par des caméras.
Le plus important des modes est l'INDICATIF qui regroupe entre autres le présent, le futur, le passé composé, etc...
L'INDICATIF est le mode du 100% réel Ce que je dis je le fais, je l'ai fait ou je le ferai.
Tous ces exemples, présentent des situations réellement effectuées ou qui vont se réaliser à coup sûr.
Avec un petit slogan publicitaire, vous vous en souviendrez : L'indicatif est 100% RÉEL.
Malgré les chamailleries des grammariens, nous utiliserons le CONDITIONNEL tel un mode dans lequel il n'y a que deux temps : le conditionnel présent et le conditionnel passé. Pour simplifier, le "conditionnel présent" sera appelé "conditionnel".
Le conditionnel est le 0% RÉEL (un mode allégé ? :o )
La réalité est qu'on n'a pas d'argent. On ne peut pas acheter la voiture. Ainsi, "j'achèterais une voiture" est imaginaire.
L'indicatif est 100% réel.
Le conditionnel est 0% réel. Il est imaginaire.
On enchaîne avec ce mot "imaginaire".
Vous avez normalement tous lu une bande dessinée au moins une fois dans votre vie. Dans le cas contraire, allez vite vous procurer un album des Schtroumpfs ou d'Astérix... Que voit-on lorsqu'un personnage pense à quelque chose qu'il ne veut pas dire ? Sa pensée est mise dans une bulle "nuage" et des petits ronds remplacent la flèche.
Pour représenter le CONDITIONNEL, le mode de l'imaginaire, on utilise le même système avec une caméra dans une bulle de pensée.
Pour se souvenir de la construction du conditionnel, on va apprendre une phrase clef :
- Si j'avPourquoi cette phrase ? Parce qu'elle contient une condition à l'imparfait : "Si j'avais de l'argent" et un résultat au conditionnel
: "j'achèterais une voiture". De plus, cette phrase met en évidence les terminaisons des verbes qui sont identiques entre l'imparfait
et le conditionnel
.
On ne reviendra pas sur la totalité de l'imparfait que vous pouvez trouver en cliquant ici, mais on retiendra une chose :
Si vous avez vu le futur (ici), vous avez observé une construction du genre :
Les verbes au conditionnel utilisent strictement les mêmes racines que celles du futur
.
Les terminaisons du conditionnel sont celles de l'imparfait .
Ainsi, pour les verbes du premier et deuxième groupe, on utilise l'infinitif , auquel on ajoute les terminaisons de l'imparfait
, comme ceci :
MANGER | ||
![]() | ![]() | |
je | manger | |
tu | manger | |
il - elle - on | manger | |
nous | manger | |
vous | manger | |
ils elles | manger |
REGARDER | ||
![]() | ![]() | |
je | regarder | |
tu | regarder | |
il - elle - on | regarder | |
nous | regarder | |
vous | regarder | |
ils elles | regarder |
FINIR | ||
![]() | ![]() | |
je | finir | |
tu | finir | |
il - elle - on | finir | |
nous | finir | |
vous | finir | |
ils elles | finir |
Pour le troisième groupe, on utilise toujours les terminaisons de l'imparfait (ais, ais, ait, ions, iez, aient). De plus, ce sont toujours les mêmes racines que pour le futur . Alors, la racine est parfois proche de l'infinitif :
CROIRE je croir
PRENDRE je prendr
parfois lointaine :
ALLER j'ir
ÊTRE je ser
On ne le dira jamais assez, c'est en lisant qu'on peut retenir les conjugaisons. Alors... Lisez !
Racine +
Racines des verbes identiques à celles du futur
.
Terminaisons de l'imparfait
(ais, ais, ait, ions, iez, aient).
Les terminaisons sont-elles vraiment toujours les mêmes entre l'imparfait et le conditionnel ?
Oui !
Cela pour tous les verbes et il n'y a aucune exception ! Mais pour s'en convaincre, on peut se faire la conjugaison suivante :
Dans la plupart des cas, le conditionnel est utilisé pour symboliser le résultat d'une condition. On abordera la condition dans un autre cours, mais l'une de ses constructions est :
Exemples :
On se rend bien compte qu'"apprendre le russe" ou "inviter la demoiselle à danser" est imaginaire. Je ne le fais pas réellement parce que quelque chose m'en empêche. La réalité, c'est que je n'ai pas le courage d'apprendre le russe et la demoiselle dont il est question dans la deuxième phrase ressemble sûrement à un "thon", donc...
Les livres de grammaire acceptent comme l'un des emplois possibles du CONDITIONNEL la "potentialité".
La potentialité correspond à "ce qui est éventuellement possible"
Dans la première phrase, il s'agit d'un objet qui "peut éventuellement faire comme ça". Je ne dispose pas de cet objet, mais s'il existait, "il
Dans la deuxième phrase, c'est une personne qui "sait éventuellement faire comme ça". Cette personne n'est pas encore présente et elle n'existe peut être pas. Elle est pour le moment imaginaire. En tous cas, si elle existait, "elle
En fait, on peut très facilement ajouter à chacune de ces phrases une condition telle que "si c'était possible" pour retomber sur le premier emploi : condition à l'imparfait + résultat au conditionnel
.
Dans certaines langues (asiatiques notamment), on utilise des verbes spécifiques pour exprimer la politesse dans le langage, mais en français, ces verbes n'existent pas. Prenons un exemple :
Comme les Français ne disposent pas de verbes spéciaux, ils utilisent le CONDITIONNEL. Ce mode atténue la réalité d'une phrase et fait penser que ce qu'on demande est imaginaire ou iréel. D'une manière générale, il pousse la réalité vers l'imaginaire. Ainsi, quand on l'utilise dans une demande, il allège le côté "100% réel" et directif de cette demande. C'est bien là l'une des utilisations bricolées du conditionnel : faire passer pour imaginaire un fait réel !
D'ailleurs, on aurait très bien pu utiliser un présent de l'INDICATIF comme ceci :
Formule qui est polie, réelle et qui fonctionne bien.
Dans l'exemple qui suit, on a encore un emploi du CONDITIONNEL pour exprimer un fait réel :
On peut évoquer cet exemple comme une forme de politesse vis-à-vis de choses que l'on n'a pas constatées soi-même. On émet donc des réserves. On remarque aussi que l'accident fait partie du passé. Cette forme de prudence pour raconter un événement passé n'est que peu utilisée dans le langage courant, elle est surtout l'apanage des médias.
Toutefois, dans la vie de tous les jours, on retrouve cette forme pour évoquer un fait qui a des chances de se produire dans le futur. On n'a toutefois aucune certitude quant à la réalité de l'événement. On émet encore des réserves :
On peut dire qu'on utilise inconsciemment le conditionnel pour repousser dans l'imaginaire des paroles discutables par l'interlocuteur.
En français, on dispose de nombreuses constructions pour exprimer le présent, le futur, le passé, un passé dans un passé, un passé dans le futur, etc... Mais justement, pour exprimer un futur dans le passé, on ne peut pas utiliser le futur qui se situe toujours après maintenant. Donc, on va choisir un temps de remplacement, un ersatz : le conditionnel .
Examinons cette phrase :
Analysons cette suite d'événements :
et
sont dans le passé de
est dans le futur de
est dans le futur de
qui fait partie du passé de
!
Le futur "je
"je
Examinons ensuite cette phrase :
La suite des événements nous donne ceci :
est dans le passé de
est dans le futur de
et de
est dans le futur de
qui fait partie du passé de
Le futur "nous
"nous
La condition
La politesse
Un futur dans le passé